La journée suisse du patrimoine religieux

Genève | Sacré-Coeur

Dates

Année | 1858 – 1860
Dénomination | catholique romain
Type | Église
Adresse | Genève, Rue du Général-Dufour 18
Architecte | Hermann Hug
Coordonnées | 46.200678, 6.141857
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Réaménagement

État | Idée de projet
Année | 2021
Mesures | Le projet propose Une utilisation condensée du bâtiment détruit par le feu est prévue. Le programme de la salle comprend : Salle de culte, restaurant, salle de conférence, salle de banquet, salles de classe, crypte à usages divers, administration de l'église.
Informations complémentaires | voir ci-dessous
Architecture | Christian Rivola, Cadenazzo

Informations complémentaires

L’église du Sacré-Cœur va vivre une nouvelle transformation. Le bâtiment détruit par les flammes le 19 juillet 2018 ne va pas être seulement remis en état, mais remodelé pour devenir une Maison d’Église. Ce lieu d’accueil réunira sous un même toit les services pastoraux et administratifs de l’Eglise catholique romaine à Genève, mais aussi la paroisse francophone du Sacré-Cœur, la communauté hispanophone et des espaces ouverts au public. Le projet, qui ne modifiera pas l’aspect extérieur du bâtiment, s’inscrit dans une nouvelle vision de comment “faire Eglise” et être présent au monde. “Au fond, l’incendie a offert l’opportunité d’écrire une nouvelle page ouverte sur le futur”, se réjouit Christian Rivola, l’architecte de l’atelier ribo+, qui a redessiné les espaces du bâtiment. Un projet unique et magnifique, nous assure-t-il dans un entretien.

« Notre volonté est de donner au bâtiment un rayonnement qui corresponde à l’importance de son emplacement au cœur de la Cité. Nous avons l’ambition d’offrir à ce lieu un nouvel élan, d’en faire un espace de vie, un lieu phare qui attire. Le projet a deux volets : un pôle de rassemblement pour les catholiques du canton et un pôle au service de la Cité », explique Christian Rivola, architecte de l’atelier ribo+. Avec son équipe, il signe le concept de reconstruction de l’église du Sacré-Cœur de Genève, ravagée par un incendie en 2018, afin de bâtir une Maison d’Église.

Redonner vie à un bâtiment pour qu’il redevienne un lieu de vie et de foi. Comment avez-vous accueilli ce défi ?

C’est un projet à la fois magnifique et complexe. Philippe Fleury, président du Conseil de Paroisse du Sacré-Cœur, nous a présenté un projet très ambitieux, avec la volonté de rassembler en un seul lieu une église, mais aussi des bureaux, des salles de catéchisme, une salle de fête, un restaurant… cela me semblait presque impossible ! Mais M. Fleury ne nous a jamais mis la pression et il nous a fait confiance. Il nous a mis en condition d’assimiler les enjeux avec sérénité. Il s’agit donc d’encastrer à l’intérieur de ce monument protégé de nombreux éléments. Nous avons saisi l’importance du projet.

Dans ma réflexion, j’ai mis au premier plan les relations entre les différentes composantes, avec des agencements qui favorisent une perception de l’ensemble dans une dynamique fluide et de dialogue. C’est un lieu qui doit favoriser à la fois le travail, la prière, la réflexion, l’être ensemble, le calme, et l’ouverture et qui doit permettre aux individus de se ressourcer, de se nourrir.

Quelle idée a guidé votre réflexion pour imaginer la Maison d’Église ?

Nous avons voulu offrir à ce lieu un nouveau centre, physique et spirituel, connecté au ciel et à la terre : une colonne de lumière qui descend du toit, avec une ouverture vitrée de 120m2, jusqu’à la crypte, au sous-sol. C’est un axe vertical qui monte de la terre au ciel et dont la lumière inonde l’espace, avec une forte perception du ciel, qui traverse les quatre étages ou niveaux et dessine la silhouette d’une croix. Tous les espaces qui vont prendre place à l’intérieur du bâtiment s’adressent à ce nouveau centre. L’autre grand changement est l’occupation de la totalité du volume du bâtiment. Dans le passé, la structure interne a subi plusieurs modifications, mais le volume n’a jamais été utilisé dans sa totalité, des espaces étaient oubliés, vides. Notre intention est d’investir la totalité du volume, lieux de passage inclus.

L’extérieur ne sera pas modifié, mais les alentours seront aménagés afin de mettre en évidence l’architecture du bâtiment, notamment avec la suppression de la bande goudronnée adossée au temple. L’édifice sera entouré par une bande verte végétalisée, alors que le trottoir sera à la périphérie de la parcelle. L’objectif est de valoriser l’architecture du bâtiment, avec de la verdure et un éclairage adapté pour en souligner la structure la nuit.

Comment seront organisés les différents espaces à l’intérieur du bâtiment ?

L’église pour les célébrations se situe dans le même espace que celui d’avant l’incendie. Sa position au rez-de-chaussée permet de conserver la proximité avec les entrées : l’entrée depuis Plainpalais, et une nouvelle entrée depuis la Vieille-Ville comme deux polarités, qui dessinent l’axe est-ouest. Côté Vieille-Ville, il y aura l’Olivier du Sacré-Coeur, un restaurant et un bar qui se développent à l’extérieur de l’édifice, invitant le public à entrer dans le bâtiment. Aux différents étages, il y aura les bureaux et les espaces pour le Vicariat, qui va quitter la rue des Granges, les espaces pour les paroisses francophone et hispanophone, une salle de fête, des salles de conférence, des espaces de travail pour les services de l’Eglise et des salles de catéchisme. La crypte au sous-sol, avec une porte d’entrée indépendante, sera valorisée pour qu’elle devienne un espace pour diverses activités spirituelles, culturelles, artistiques ou de ressourcement.

En général, nous avons travaillé en favorisant la transparence et la fluidité pour que les personnes présentes aient toujours une conscience des autres espaces, une perception du volume plus vaste. Nous rêvons d’un bâtiment qui embrasse les personnes, avec des espaces modulables qui peuvent fonctionner ensemble ou séparément, avec différentes variantes qui peuvent permettre l’intimité si nécessaire. Le but est de créer des relations intenses, des nouvelles dynamiques et d’ouvrir le lieu à différents publics.

Le lieu de culte ne change pas d’emplacement, qu’en est-il de sa configuration ?

La paroisse a mis en valeur l’importance du concept élaboré par l’architecte Jean Marie Duthilleul, notre prédécesseur.  Nous avons voulu adapter l’église aux réalités liturgiques de Vatican II et la projeter vers l’avenir. Le prêtre qui célèbre n’est plus devant les fidèles placés sur des bancs alignés, l’autel est au centre tandis que le peuple se réunit sur des bancs de chaque côté, autour de l’autel. Je suis convaincu que cette nouvelle disposition avec le prêtre qui se déplace sur l’axe central peut dynamiser les célébrations. Le fait aussi que les fidèles puissent se regarder favorise l’implication des participants. Dans ce lieu, le rythme régulier et puissant des colonnes et des baies vitrées structure l’espace et participe à l’atmosphère. L’espace joue ici pleinement son rôle d’outil missionnaire.
À côté de l’église, nous plaçons le jardin du patio, un élément qui permet l’intériorisation de la prière et la méditation. Il est protégé des regards par un système d’opacité, afin de respecter l’intimité de la prière. L’espace de prière devant le tabernacle est destiné à être la chapelle de l’église, il peut tantôt être isolé de l’espace de célébration par un dispositif de paravents et tantôt s’ouvrir pour permettre aux assemblées de grandes affluences de s’y installer.

Le mot de la fin ?

J’ai travaillé à ce projet alors que nous étions en semi-confinement. Je crois que ce contexte a influencé ma perception. J’ai réfléchi à la création des relations spatiales, alors que nous étions dans une période de distanciation physique. J’ai beaucoup reçu de ce projet que j’ai vécu de manière profonde.

 

Entretien avec Christian Rivola, l'architecte du projet, paru dans le Courrier pastoral de l'église catholique romaine de Genève du mois de janvier 2021.